S. N. E.

Escalade en falaise : un nouveau modèle de conventionnement expérimenté dans la Drôme

Escalade en falaise : un nouveau modèle de conventionnement expérimenté dans la Drôme

Barbara Sarte, FFCAM, journaliste spécialisée montagne

Escalade en falaise : un nouveau modèle de conventionnement expérimenté dans la Drôme

Dans la Drôme, les clubs locaux et le Comité départemental FFCAM conjointement avec le département et les collectivités ont travaillé sur un nouveau schéma de conventionnement des falaises. Concrétisé par les signatures officielles des premiers accords le 21 mars, ce modèle repose sur le partage des responsabilités et l'implication bénévole des pratiquants. 

Haut lieu de l'escalade, la Drôme n'a pas été épargnée par la vague de déconventionnement déclenchée en 2020 (lire encart). Cette problématique à même conduit à des interdictions de pratique dans certains sites emblématiques du département, tels que les Baronnies, le Vercors, le Royans ou à Dieulefit. « J'étais très inquiet début 2023. Les interdictions tombaient en cascade. De plus, l'annonce faisait tache d'huile : des propriétaires de falaises non conventionnées FFME prenaient peur et voulaient interdire leur falaise, même s'ils n'étaient pas concernés », témoigne Jean-Marc Belle, président du Club alpin de Saoû. « Lors d'une réunion du comité directeur de la Drôme, nous avons convenu qu'il fallait inventer un autre modèle pour maintenir la liberté de pratique de l'escalade en falaise ». Suite aux concertations initiées par le Département entre les acteurs de la grimpe, un comité de pilotage des sites naturels d'escalade (Co-pil SNE), est créé pour imaginer ce modèle. Animé par Jean-Marc Belle, il rassemblera les 7 communautés de communes et 15 clubs. Le Comité départemental FFCAM assure la coordination globale du projet : « Nous avons ouvert un poste d'agent de développement pour mettre en relation les parties prenantes et piloter la mise en place du nouveau schéma », décrit Bernard Chevigny, son président. 

Un partage des rôles entre les acteurs de l'escalade

Le Département ne souhaitant pas assumer seul l'entièreté de la responsabilité des falaises, le schéma élaboré avec ce Co-Pil SNE s'articule sur une responsabilité partagée. Il repose sur une décentralisation de la gestion des falaises à l'échelle locale et un partage des rôles entre les acteurs du territoire. La garde des falaises est prise par les communautés de communes, mais la veille et leur entretien revient aux clubs locaux. Ces missions sont formalisées par un accord de délégation, qui définit les modalités du suivi de l'équipement. Si le club est affilié FFCAM, alors la FFCAM est de fait signataire des accords.
Le Département est aussi cosignataire de cet accord : il apporte des moyens matériels, fournit la signalétique et intervient quand des travaux conséquents s'imposent (purge de pierres par exemple). Il cofinance aussi les équipements des falaises et les moyens humains avec le Comité départemental de la FFCAM. 

« Ce modèle permet de répartir la responsabilité entre les différents acteurs : les clubs, le Département et les collectivités », note Mathias Penar, l'agent de développement du Comité départemental. « Chaque collectivité prend en charge les falaises de son territoire, de même que les clubs deviennent référents des falaises où ils pratiquent en priorité », complète Jean-Marc Belle. Ce fonctionnement permet aussi de fédérer les acteurs. « La communication est simplifiée, ce qui facilite la résolution de problème au niveau local ».

Reposant sur le bénévolat et l'implication des pratiquants d'escalade, cette solution garantit de plus un faible coût d'entretien et de veille pour les collectivités. « Ce qui permet de conserver le principe de gratuité et de libre accès aux falaises », observe l'agent de développement.

La chaîne d'assurance est néanmoins respectée puisque chaque partenaire de l'accord est assuré pour ses tâches.

« Aux pratiquants de s'adapter au milieu, non l'inverse »

Enfin, l'investissement des clubs locaux dans l'entretien des falaises va favoriser la responsabilisation des pratiquants. « L'objectif est que les grimpeurs réalisent la veille et l'entretien lors de leurs sorties, qu'ils apprennent à rester vigilants et deviennent des grimpeurs acteurs », décrit Jean-Marc Belle. Malgré tout le soin apporté à la veille et à l'entretien des sites, la pratique de l'escalade en milieu naturel ne pourra être « aseptisée », pointe Mathias Penar : « C'est aux pratiquants de s'adapter au milieu dans lequel ils évoluent et non l'inverse ». « Quand un grimpeur s'attaque au pilier Sud des Écrins ou à la face Nord des Jorasses, l'idée de se retourner contre le propriétaire des lieux en cas d'une chute de pierre ne l'effleure même pas. C'est cet état d'esprit originel de la grimpe que nous souhaitons retrouver », conclut Jean-Marc Belle.

Les premiers accords de conventionnement seront officialisées le 21 mars à Étoiles-sur-Rhône. Ils concernent 17 sites dans le Royans, le Vercors et le Diois. 56 autres sites drômois seront conventionnés selon ce schéma courant 2024.

Sur le site de la fédération : "Sites naturels d'escalade : l'expérience de la Drôme"


https://www.ffcam.fr/sites-naturels-d-escalade-l-experience-de-la-drome.html